«La rivière Darmouth, la rivière Saint-Jean et la rivière York: les trois sœurs m’inspirent» (2017) concours littéraire Ambassadeur de rivière

Haldimand, Junex, forages. Certains d’entre eux à dix minutes à pied des maisons. Voilà ce qui est menacé : l’eau potable des puits des résidents de Gaspé, mais aussi bien plus encore. L’eau de ce joyau qu’est la baie de Gaspé, longée de marécages où nichent des milliers d’oiseaux. Cette baie nourrie par trois rivières à saumons, les trois sœurs : la York, la Dartmouth et la Saint-Jean et fréquentée par les phoques. Cet espace marin magnifique qui ouvre sur le large, sur la mer et visité par les baleines.

Et au-delà de la baie, le parc de la Gaspésie. Tout ce territoire encore épargné, ce refuge pour les animaux, ce havre de ressourcement pour les humains : menacé.

Alors nos voix, comme un barrage contre la catastrophe.

Cet appel pour les rivières de Gaspé était le dernier volet de mon projet Ambassadeurs de rivières célébrant les 20 ans de Coalition Eau Secours! et qui a visité une dizaine de rivières du Québec : la rivière des Mille-Îles, la rivière du Nord, la rivière des Prairies, la rivière Doncaster, la rivière du Diable, la rivière Richelieu, la rivière Saint-Charles, la rivière Saint-Jean, la rivière Dartmouth et la rivière York. Merci à chacun et chacune qui a pris la parole pour les trois rivières sœurs de Gaspé et pour toutes les autres rivières. Et merci au Cégep de Gaspé, au Regroupement des femmes du grand Gaspé et à Lise Chartrand de m’avoir reçue si chaleureusement.

Pour notre avenir et celui des enfants d’aujourd’hui et de demain,

Longue vie et santé à nos rivières!

Nancy R. Lange

présidente de RAPPEL : Parole-Création

représentante des Porteurs d’eau pour Coalition Eau Secours!

Affiche Gaspé

Voici les textes…


  1. Revenir penouille

 Je suis l’œil de l’œuf

Bien à l’abri, je veille et j’observe

Blotti dans ton lit confortable de cailloux de sable

Alevin j’explore tes courants tes eaux qui coulent d’aussi loin que les Chic-Chocs

Tes eaux claires qui traversent Bonnecamps, Fletcher, Laforce, Larocque

À tâtons, comme tacon

Je m’enivre de parfums que tu sois York, Dartmouth ou Saint-Jean

 

Les vôtres, mères nourricières mes rivières

 

Smolt, plus rien ne me retient

Je prends la mer avec l’ambition d’affronter delta et barachois

Je baigne en Norvège mouille au Groenland

Mais la nostalgie me rappelle à toi

Pourtant

Je ne reconnais plus rien

Le sourire Dartmouth a perdu sa fraîcheur

Mon royaume York s’est délabré

Sa sainteté Saint-Jean n’est plus l’eau baptismale

Je te confonds parmi les triplettes de Gaspé

Vos corps fluides entachés de gestation pétrolifère

Me font craindre les sangs houilleux

 

Junex se vautre dans son Galt

Or noir contre mes écailles d’argent

Je ne fais pas le poids

Nous sommes saumons caviardés

Épuisés par la nage

Décimés par les prédateurs

Nous étions si peu, mais heureux de notre retour

Voici que les rivières n’ont plus les draps purs pour nos ébats

Étoufferez-vous nos voix

Condamnerez-vous nos voies

Effrayés dans les frayères

Sous prétexte d’une économie noire

Enfouie depuis des millions d’années?

Laissons les morts liquéfiés dans leurs fosses et préservons les nôtres

Berceaux de nos vies de poisson et d’homme

Yannick Lepage

lauréat


  1. Dans l’œil du poisson

rivières     connections télépathiques

de mon âme à mon sang

rivières dans la terre de Gaspé

que ma chair voyage

fusion nette

franche

dans l’œil du saumon

 

son corps souple frémissant dans l’eau glacée

mon cœur tétanisé

bouillonnant

des promesses de l’Aube

se porte garant

 

j’irai

frapper de colère

mon bâton dans le lit du volcan

hurler la justice

dans le petit matin

brûler de lumière

l’œuvre du méchant de l’insensé

du prospecteur

 

enfanter

le répit

parler

avec le poisson le couvrir

de mes bras    de nos vies

cette chair

dont il nous a     inlassablement

nourris

 

rien n’est plus fort     cependant

que cette brèche

portée par les racines

le sol cuivré et les eaux en tumultes

 

son regard dans le mien

 

chronique de l’humanité

Ariane Bouchardy-Gauthier

finaliste


  1. Chicorée Beach

Dans le noir de la boîte crânienne

Le rideau des cheveux est tiré au front du matin

Et la fraîche image du barachois apparaît

 

À la rencontre de la rivière Saint-Jean

Et de la baie de Gaspé à Chicorée beach

Les murmures d’eau salée

Se mêlent aux conciliabules d’eau douce…

 

À patte levée de sa démarche langoureuse

Le grand héron préside à cette assemblée secrète

En étirant de temps en temps son grand cou souple

Pour plonger les longues cisailles de son bec

Michel-Wilbrod Bujold

finaliste


  1. Si j’étais ninja…

mon avatar serait     Maître de l’Eau

(1 individu sur 5 n’a pas accès à l’eau potable)

élaboration de la richesse cartographiée

serait distribuée à une gestion locale

(2 individus sur 5 n’ont pas d’installation sanitaire)

distribution équitable et efficiente

quant à l’utilisation de l’or bleu

(80 % des eaux usées ne sont ni traitées, ni même collectées)

conscientisation du peuple partenaire

à la pénurie mondiale et aux inégalités

(plus de 33 pays manqueront bientôt d’eau potable)

une redevance imposée aux pollueuses multinationales

distribuée aux pays les plus pauvres et arides

(7 décès à la minute sur la planète, pénurie ou eau non salubre)

 

j’élirais domicile à Gaspé, foyer de la pêche aux saumons

pour me nourrir de la beauté et militer pour protéger des déversements

(la nappe phréatique a pris des milliards d’années à se former)

de sa péninsule, patte de homard ouverte à l’océan

de ses grands moulins blancs à 3 palmes innovatrice d’énergie verte

de ses Chic-Chocs escarpés à l’air mi-salin

d’où prennent naissance de merveilleuses rivières

en canot ma Belle j’irais te retrouver

Gaspé inondée de ses sœurs affluentes de la baie

 

Il était une fois un pays

d’où la beauté s’écoule                      fragilité

terre nourricière mérite                       respect

 

synergie pour une planète bleue

miracle de l’Univers

Sylvie Caissie

finaliste


  1. L’eau

Goutte à goutte, nous forgeons, le nouveau monde.

Cette lutte pour protéger l’eau,

Devient une vague.

 

Vague d’amour, vague de bons esprits.

 

Plus de ponts, nous sommes l’eau.

Plus de faux chefs, nous savons.

Libérés, nous nous aimons.

 

Nos larmes nous ont ramenés

À l’origine, à la source,

Le cœur aura gagné.

 

Vague d’amour, vague de bons esprits.

Lise Chartrand

hors-concours


6.

Bonjour, je m’appelle Marie-Paule.

Aujourd’hui, je viens vous parler de ma rivière, vous voulez bien me lire?

Par une belle journée d’été, mes amis et moi, nous nous rendons à la rivière située au bout du chemin de notre enfance. Nous entendons le chant de ses eaux bien avant de la voir.

Elle est si belle, encastrée entre les verdoyantes montagnes, elle se faufile entre les falaises et les rochers, traçant son chemin sans relâche jusqu’à la mer.

Je m’installe là où l’eau est peu profonde, assise sur les roches, elle me fait voir à travers la clarté de ses eaux les cailloux beiges, bruns et gris, qu’elle a polis au fil du temps; mes amis, surtout les garçons, sont plus intéressés par les truites qui circulent dans les fosses aux eaux plus ou moins sombres. Chacun y trouve son bonheur.

Allongée sur ma vieille couverture, je me réchauffe au soleil en me laissant bercer par la mélodie de ses eaux, elle est si calme aujourd’hui, force tranquille de la nature, mais je sais qu’elle peut être aussi très puissante; mon père m’a raconté qu’au printemps, chargée des eaux de la fonte des neiges, elle servait à la descente des billots de bois jusqu’aux usines à bois de la région.

Mais revenons à aujourd’hui, je prends le temps de humer l’air environnant, je respire la sérénité, le calme des grands espaces et ça sent la liberté, pendant quelques instants, j’ai l’impression d’être la propriétaire de tout ça, une propriété partagée, bien entendu, car on ne peut posséder la nature.

En vous racontant ceci, je revis une page de mon enfance, un beau moment partagé avec des amis. Je suis certaine que la plupart des gens possèdent des souvenirs reliés à l’eau.

Ma rivière, elle coule encore, en suivant les saisons, portant ses eaux où les forces de la nature veulent bien la porter, elle sera toujours là, si on veut bien la laisser vivre, sans la polluer, la détourner ou la salir de quelque façon que ce soit.

C’est le temps de retourner à la maison, notre transport est arrivé; grimpée à l’arrière du camion sur les bords de côté, je laisse le vent entremêler mes cheveux et je savoure ce moment de liberté en me promettant de revenir encore et encore sur les bords de ma rivière.

DE GRÂCE, NE LA DÉTRUISEZ PAS.

Marie-Paule Després

finaliste


  1. Lettre ouverte : mon amour pour la rivière Darmouth

La rivière Darmouth fait partie de ma vie. Je l’observe tous les jours. Elle est la vie et elle me fait vivre beaucoup d’émotions. J’ai le plaisir d’y observer souvent des canards et des bernaches qui me font sourire. Parfois sur le bord de l’eau, j’ai la chance de voir des petits bécasseaux et je suis toujours émue quand j’y vois des majestueux grands hérons.

J’adore contempler la rivière Darmouth. La couleur et la hauteur de l’eau varient selon les saisons et même le moment de la journée. Elle m’impressionne quand elle est haute et tourmentée au printemps. Elle me procure des moments de tranquillité et de paix quand elle est si belle et claire en été. L’automne venu, elle est tellement belle, entourée de ses couleurs chaudes. L’hiver, elle me fait des spectacles de glace.

Je ne suis pas la seule à l’adorer. Beaucoup de Gaspésiens et de gens venus d’ailleurs y pêchent le saumon. Plusieurs ornithologues y cherchent aussi l’oiseau rare. D’autres comme moi la contemplent et se contentent du moment présent. Nous sommes plusieurs à l’aimer. Nous voulons tous la préserver pour nous et pour les générations futures, car elle est la vie.

Elle nourrit plein d’organismes dans la rivière et autour d’elle. Elle participe aussi à enrichir la baie de Gaspé en micro-organisme et en oxygène. Elle est essentielle à la vie autant pour les plus petits organismes que pour les grosses baleines. J’aime et j’admire la rivière Darmouth pour tout ce qu’elle apporte à la vie et à ma vie. Elle mérite le respect.

Josée Dion

finaliste


  1. Poème protection

Mon enfance s’est écoulée près de la Cascapédia,

La majestueuse rivière de la Gaspésie,

À chaque été, je me suis épanouie,

Me lançant dans l’eau qui m’ouvrait ses bras

 

Tous tes défis j’ai su relever,

Au bas de tes ponts je me suis jetée,

Et ton fort courant ne m’a jamais arrêtée,

Je souris juste à y penser

 

Affamés, on se retrouvait autour du feu,

Mangeant ton saumon sous un ciel étoilé,

Quelle liberté! Nous étions si heureux,

Quel bonheur de dormir à tes côtés

 

Que ton eau reste pure

Pour les générations futures

Que mes souvenirs soient protégés

Et ceux de mes enfants assurés

Texte sur un souvenir d’une rivière

Haley Gallan

Enseignante en français langue seconde et communication

Répondante EVB

Répondante Comité Vert

finaliste


  1. Trois sœurs

Quand nous sommes nées, notre père se faisait vieux… Il avait déjà des centaines d’enfants, mais pour la première fois de son existence, il avait donné vie à des triplettes. Nous étions sa fierté, sa plus grande réussite.

Après quelques siècles, il fut temps de rejoindre le grand berceau bleu et vert qu’il avait construit pour nous tous. Un endroit où nous pourrions nous épanouir et voler de nos propres ailes.

Il nous déposa l’une à côté de l’autre, et unis nos mains pour que personne ne puisse jamais nous séparer.

Petit à petit, mes sœurs et moi avons exploré, creusé, façonné notre berceau. Nous avons créé notre terrain de jeux, avec l’espoir secret d’y voir, à notre tour, jouer nos enfants. Nous faisions résonner nos noms dans le vent : Apgnualatl, la Pacifique, Siwiet, l’Impatiente, et moi-même, Melga’toq, la Force.

Et puis quand le temps nous a semblé propice, nous avons donné naissance à notre tour. Ils ont d’abord grandi tout contre nous, et puis nous les avons doucement poussés vers les rives. Nous étions si fiers d’eux. Ils exploraient leur héritage avec force et sagesse, et revenaient toujours vers nous pour se ressourcer.

À notre tour, nous sommes devenues grands-mères. Chacun avait trouvé sa place, une harmonie qui nous rendait fiers. Enfin notre monde nous semblait entier.

Bien sûr, nous n’étions pas parfaites, nous avions nos colères qui parfois leur faisaient peur. Ils semblaient avoir du mal à nous pardonner nos débordements mais ils finissaient par choisir de ne voir que nos qualités. Nous étions inséparables.

Les choses ont évolué, sans que l’on s’en alarme vraiment. Nos enfants sont devenus moins reconnaissants envers nous. Ils nous jetaient des regards noirs, qui glaçaient notre sang de mère. Ils piétinaient leur héritage sans aucun remords et sans aucune compassion pour leurs aînés.

Nous en venions à les punir, de plus en plus durement en espérant qu’ils se ressaisissent et redeviennent les êtres sensés et beaux qu’ils étaient. Notre sang bouillait en les regardant détruire le berceau de notre père. Mais notre foi en eux était toujours là.

Certains se battaient avec force pour ramener à la raison leurs frères et leurs sœurs qui avaient perdu le chemin de leur propre bonheur.

Nos cœurs ne battent plus à l’unisson depuis quelque temps déjà. Nos appels au secours restent sans réponse. Mes sœurs et moi les regardons se détruire, nous détruire avec des larmes dans les yeux et des tempêtes dans le cœur.

Mais jamais, oh! non, jamais nous ne perdrons foi en nos enfants. Jamais, oh! non, jamais nous ne cesserons de les aimer.

Manon Havel

finaliste


  1. Effrayère

 Jeune, rebelle et fringant

Je réponds à l’appel

D’une jeune pucelle

 

Je m’apprête à lui offrir mon âme

Tout ouïe, tout feu, tout flamme

Je l’entends au loin qui minaude

 

Pour rejoindre ma perle rare

Je nage en des eaux émeraude

Frétillant à contre-courant

 

Affrontant les écueils

Rebondissant tel un jaguar

J’évite le cercueil

Transportant comme dot avec moi

Gratitude, enthousiasme et joie

 

Or, voici qu’un océan de tourments

Se forme, plus menaçant qu’un ouragan

 

Car lorsque nous aurons frayé

Que va-t-il se passer?

Je crains pour nos futurs enfants

Conçus dans le lit de la rivière

 

Un beau jour de printemps

Ils voudront retourner à la mer

Attirés par la lumière

 

Vivront-ils un enfer de Dante

En cette rivière York ensorcelante

Chants de sirène et de Circé?

 

Survivront-ils à la menace constante

De barges de liquéfaction d’hydrocarbures?

En pleine nature!

 

Finies, les eaux cristallines!

Finie, la tranquille évasion divine!

Finie, la régénération!

 

S’entremêlent des galets d’émotions

Au bord de la rivière York

S’étirant des monts Chic-Chocs

Jusqu’à la baie de Gaspé

Sans oublier ses cousines, la Dartmouth et la Saint-Jean

 

Réalité ou prémonition?

Protégeons nos saumons!

Jocelyne Langlois

finaliste


11.

C’était notre première activité en tant que finissants du secondaire, les meilleurs moments n’étaient qu’à venir! Nous avions couché dans les cabanes dans les arbres qu’offrait CIME Aventure à la fin septembre. Quand on s’est réveillé le matin, on s’est cuisiné un déjeuner collectif au bord de la rivière. Le calme et la liberté de la rivière s’infusaient directement dans nos veines. Lorsque le petit déjeuner fut terminé et que nous fûmes prêts, nous sommes montés à bord d’un autobus et il passa environ 10 minutes avant d’arriver à la ligne de départ. L’excitation était palpable. Nous sommes embarqués dans nos kayaks et nos canoës et les souvenirs commencèrent. C’était une belle journée. La rivière était claire comme du cristal et douce comme un chaton. Ce n’était pas la première fois que je faisais du kayak, ou que je descendais cette rivière, mais cette fois-ci était spéciale. Nous étions entre amis, dans la nature, aucun cellulaire en main. C’était seulement nous, nos embarcations et la rivière entourée de sa nature si bien préservée. Même si l’eau était glaciale vu le temps de l’année, nous nous sommes permis une baignade. Cette descente d’une durée d’environ deux ou trois heures est un souvenir que nous nous rappellerons tous. La rivière restera une ressource de souvenirs indestructibles tant qu’elle sera en santé.

Laura Leblanc Poirier

finaliste


  1. La rivière Dartmouth

Il y a trois belles rivières à saumons dans le secteur de Gaspé. Il y a les rivières Saint-Jean, Dartmouth et York. J’ai vécu une très belle expérience à la rivière Dartmouth. On était allé, avec l’école, mettre des petits saumons à l’eau au mois de juin. On avait apporté environ une centaine de petits saumons pour la mise à l’eau. Nous les avions en classe dans un aquarium depuis le mois de février. C’était très beau de voir les saumons commencer à nager après les avoir mis à l’eau. Les saumons nageaient très vite et ils changeaient de direction souvent. Ils avaient plus d’espace que dans l’aquarium de notre classe.

Un autre jour, on est également allés à la rivière Dartmouth pour faire partie d’un reportage sur l’évolution des saumons. Ce reportage fait partie de l’émission La semaine verte, qui est diffusée à Radio-Canada. Il y avait une journaliste et un caméraman et aussi, il avait une pêcheuse de saumon. La journaliste nous a posé des questions à propos de notre projet concernant les saumons, et le caméraman nous a filmés en train de mettre les saumons à l’eau. Elle a aussi posé des questions et filmé la pêcheuse. C’était une très belle expérience. Ces projets sur les saumons sont très bons pour la ressource. Ces projets aident aussi à sensibiliser les enfants à prendre soin de l’environnement des saumons et des rivières à saumons.

Brandon LeQuesne

étudiant au cégep de Gaspé


  1. Concours Les trois sœurs m’inspirent

Au gré des saisons et des marées, je vois cette magnifique rivière accueillir canards sauvages, outardes, grands hérons, goélands.

Les adeptes de la pêche à la truite, la chasse aux canards et la descente en canot la côtoient régulièrement.

Et moi, en spectatrice assidue et privilégiée, j’assiste à tous ces spectacles qui me sont offerts et mon émerveillement est à son comble lorsque le soleil ou le clair de lune y ajoutent des reflets argentés.

Linda O’Connor

Novembre 2017


  1. Mai 1998

Ce printemps 98, j’avais un urgent besoin d’accéder à une certaine paix intérieure.

Pour la énième fois, je m’étais levée à l’aube, à la hâte et toujours aussi fébrile. J’anticipais mon rendez-vous secret : je partais épier mon martin-pêcheur. À quelque six cents pieds de notre maison s’étendait un marais salant. L’observation d’oiseaux de rivage était devenue mon passe-temps favori.

Ce matin de mai 1998, jumelles sous le bras, j’étais impatiente de descendre à ma rivière. Serait-il à notre rendez-vous? Bien ancrée sur ma petite butte, je rêvassais. Pas discret pour cinq sous, il criait fort et sec! Toujours solitaire. Oui, je l’entendais. Enfin, je l’avais aperçu, sur une perche improvisée, guettant le poisson. Spectaculaire lorsqu’il plongeait tête première et capturait ces poissons. Et quel toupet!

Pourtant, trapu avec pattes courtes… une grosse tête au bec disproportionné… Pourquoi je l’admirais tant?

Il était vrai qu’il portait à son cou un beau collier bleu ardoise et à ses yeux…

J’étais si fière que l’être de mon cœur s’approvisionnait à ma rivière, en sachant que je me remémorerais ces belles images encore longtemps…

Ces beaux souvenirs sont inscrits dans mon journal.

La fascinante VIE de ma rivière et de ses berges!

Je souhaite que mes enfants et petits-enfants puissent à leur tour vivre ces moments d’émerveillement, et pas seulement en feuilletant mon journal intime.

Louise O’Connor


  1. Souvenir à la plage Haldimand

(sortie de la rivière Saint-Jean, à Gaspé)

C’était en juillet. Par un bel été, j’étais assise sur cette plage, avec un sable fin d’un beige doux. J’étais émerveillée par le bleu marine profond et lumineux de l’eau calme. Je voyais les nuages dans le ciel d’un blanc doux comme de la ouate. J’entendais le bruit des vagues qui arrivaient sur la plage. Je sentais l’air doux avec une brise légère qui m’entourait. J’étais émerveillée devant toute la beauté qui se présentait devant moi, cette rivière avec ses richesses, complice de mes sentiments et mes émotions. J’en ressors d’un calme serein, détendue, épanouie et plus ma connexion avec l’eau sublime. La plage Haldimand, point de connexion avec la rivière Saint-Jean, me centre avec cette eau qui m’apporte la vie complice avec la nature mère la terre.

Marielle Perry


  1. Texte sur une rivière de la Gaspésie

Depuis mon enfance, mes amies et moi avons passé énormément de temps à la rivière. Tout d’abord, il y a beaucoup de souvenirs qui reviennent dès qu’on passe à côté et qu’on voit la rivière. Des sorties en famille ou simplement avec un groupe d’amis. Nous descendons la rivière en kayak et nous arrêtons pour nous baigner dans les nombreuses fausses ou bien nous y allons seulement pour profiter du soleil. Heureusement, nous avons la possibilité d’avoir de merveilleuses rivières et de pouvoir les utiliser et même boire directement l’eau dans la nature. La Gaspésie est un endroit parfait pour ceux qui aiment les activités aquatiques comme le kayak, le canoë et le rafting. Le seul problème qu’il y a parfois, c’est que des gens ne ramassent pas leurs déchets sur les rives, donc lorsqu’il mouille l’eau ramasse suite à son passage les déchets et les apporte avec elle, et cela pollue l’eau. Mais heureusement, il n’y en a pas beaucoup. Finalement il faut surtout faire attention à nos rivières et en prendre soin pour qu’elles restent accessibles à tous et pour que les futures générations aient le même plaisir que nous de jouer dans ces rivières. Chaque personne a probablement un souvenir inoubliable en relation avec une rivière qu’ils ne pourront jamais oublier.

Emmy Roussy


  1. Baie de Gaspé

L’eau qui peint notre Terre,

qui sculpte notre côte bien chère.

Le clapotement des vagues à nos pieds.

Ces pieds qui ont pris racine ici, dans la Gaspésie.

Notre fierté bien présente, dans la plus belle des baies.

Dès qu’on la voit, on ne peut pas l’oublier.

Car, elle restera gravée pour toujours

dans notre mémoire érodée.

Gabrielle Jayzanie Saint-Pierre

étudiante Cégep Gaspé


  1. Premier jour

Assoiffé de mémoire

je plonge dans les eaux de la Saint-Jean.

Je me poudre le visage de cendres d’immortalité

célébrant ma rencontre avec la foudre

au-delà de l’isolement.

 

Clandestin du siècle

je maquille la réalité avec des ombres.

Au Nord mes larmes

averse de lucidité sur le temps —

glissent le long du crépuscule

se dissolvent dans la Dartmouth.

 

Mes traces dorment depuis des lustres innombrables

apprennent les codes des voies inatteignables

tracées par la York.

J’entends le claquement des bannières

qui veulent les réveiller

et de celles qui veulent les souiller.

 

Inéluctable cycle de blanc et de noir

mon cœur se remplit

mais aussitôt se vide

arbre dans l’attente du printemps

et de toutes les eaux.

 

Je me tresse d’âges et de lunes.

Sur ma poitrine les nœuds du vent entassent des nuages

chargés d’appels humides.

La baie de Gaspé absorbe les battements de mon âme.

 

Tant de gestes farouches reviennent dans les mains

et dévoilent des choses oubliés jusqu’à là.

Toutes ces rivières-sœurs composent la saison des pluies

inondant ma maison

heurtant ses perméables cloisons d’écume.

 

Tant de pleurs façonnent le feu

et brûlent mes souvenirs

sans laisser la moindre fumée.

 

J’ai les lèvres trempées de vocables révoqués

et la langue rapiécée de silences disparates.

Ma parole errante dépasse mon exil

susurre sortilèges à ma solitude.

 

Comme un matin d’octobre en Gaspésie,

je saigne de la lumière coagulée.

 

Des soleils s’élancent du fond de mes blessures.

Odelin Salmeron

finaliste


  1. Eau

Eau

Calme, tranquille, elle court

Sous nous, autour de nous

Sur nous, à l’intérieur de nous

L’eau court toujours.

Maintenant, comme à l’ère paléolithique

Mais ce n’est pas complètement honnête

L’eau qui court maintenant est la même eau, oui

Mais elle est contaminée, souillée par nos mains

Avant le bleu infini était plein avec vie

Mais il est maintenant vide

Ce qui reste est une comparaison pâle

Si c’est une comparaison du tout

Et c’est notre faute

Donc je vais faire ma part pour aider l’eau

Pour décontaminée

Le feras-tu?

Jacob Simpson


  1. Pour les sœurs Darmouth, York et Saint-Jean

La porteuse d’eau, à mon oreille : Toi, tu es la gardienne des animaux. Écris pour les baleines, les grenouilles et les saumons. À la demande d’une gardienne de l’or bleu, je répands des phrases sur le champ magnétique terrestre pour qu’il les emporte, depuis mon île de l’archipel d’Hochelaga, vers un trio de rivières amies intimes du fleuve et de la baie de Gaspé. Des paroles comme une magie blanche pour défendre la faune contre l’effet des forages sur terre et dans les eaux.

Mais quoi écrire dans la brièveté d’un cri? Qu’il y a péril en la demeure causé par la surconsommation avide, et par une magie noire qui troue la terre pour y dérober sa substance? Qu’à un certain moment, la substance de la terre ne peut pas ne pas vouloir retourner là où, loin des humains, elle coulait des jours tranquilles? Et s’échapper des cylindres d’acier où on la contient, et s’épancher, semant malgré elle sur son passage la mort d’êtres sensibles sur qui on ne veille pas assez?

Debout sur les berges de la rivière des Prairies, je vous salue, chemins d’eau qui vous jetez là-bas dans les bras de la baie. Et que mes mots se syntonisent avec les actes de celles et ceux qui s’affairent à vous protéger, vous et les créatures qui vivent en vous ou s’abreuvent à vos flancs.

Claire Varin

finaliste


Merci à tous les participants!