«La rivière Doncaster m’inspire»(2017): concours littéraire Ambassadeurs de rivière

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La rivière Doncaster est particulièrement chère à mon cœur. J’y suis allée à maintes reprises, m’y rendant à pied, en vélo ou en ski de fond par la piste du P’tit Train du Nord. J’ai exploré ses rives à pied avec des amis à qui je faisais découvrir sa beauté, puis avec ma fille — toute petite, puis de plus en plus grande. Nous avons construit ensemble maintes cabanes laissées en cadeau pour les fées et j’aime penser que celles-ci nous connaissent et nous protègent.

La beauté sauvage des rapides de la Doncaster — qui est, paraît-il, la rivière la plus photographiée du Québec — me procure une joie toujours renouvelée. La forêt qui la longe m’enchante, aussi ai-je souhaité alimenter l’appel de textes pour ce concours avec plusieurs activités. La Ville de Sainte-Adèle et la Ville de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson ont toutes deux collaboré à leur organisation. La première activité, un atelier de haïku avec Bertrand Nayet, résulte d’une collaboration de RAPPEL : Parole-Création avec la Ligue des poètes canadiens, l’Association des auteurs du Manitoba français et le Centre international de poésie des Laurentides.

Les deuxième et troisième ateliers sont les fruits d’une collaboration avec la Ville de Ste-Marguerite-du-lac-Masson, la Ligue des poètes canadiens. D’abord, nous avons organisé un événement littéraire extraordinaire accompagné par la musique de l’artiste de spoken word Janice Lee. Une activité a également eu lieu pendant le Quartier littéraire de Sainte-Adèle. Ce concours a aussi soulevé l’intérêt d’une professeure du Cégep Lionel-Groulx, l’auteure Roxane Lajoie, qui a jumelé un atelier de haïku à la visite du Parc de la Rivière Doncaster.

L’événement final du concours littéraire s’est déroulé quant à lui au Centre international de poésie des Laurentides de la Bibliothèque de Sainte-Adèle dans le cadre de la Semaine provinciale des bibliothèques publiques, accompagné par la magnifique musique de Marc Poellhuber, de Val-David.

De même que de nombreux ruisseaux se joignent pour former une rivière, les textes de cette compilation proviennent donc de plusieurs activités. Deux villes riveraines de la Doncaster ont joint leurs efforts pour y contribuer. J’aime rêver d’un semblable désir, chez les diverses villes riveraines d’une même rivière d’unir leurs efforts pour les protéger, au bénéfice de tous les riverains de cette rivière, ainsi que des riverains des cours d’eau dont celle-ci est tributaire. Dans le cas de la Doncaster, il s’agit de la rivière du Nord, puis l’Outaouais, devenant éventuellement la rivière des Prairies et la rivière des Mille-Îles, fournissant Laval et Montréal en eau potable.

Merci aux jurys du concours Robert Hamel et Maxianne Berger pour leur aide. Merci à Mijanou Dubuc de la bibliothèque Claude-Henri-Grignon pour son soutien constant, à la Ville de Sainte-Adèle, à la Ville de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, et merci au député Claude Cousineau et à la libraire Coopsco pour leur soutien.

Vie et santé à nos rivières!

Nancy R. Lange

présidente de RAPPEL : Parole-Création

représentante des Porteurs d’eau pour la Coalition Eau Secours!

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compil4Invitation haiku et haisha 6 juillet2017Écriture boucle (2)Écriture boucle (1)

Voici donc les textes des participants.


1.

Rencontre

Je suis la roche enracinée en bordure de rivière, solitaire, tranquille, immobile.

Protégée du monde agité, changeant, imprévisible.

Spectatrice.

Des secousses.

Sensations inconnues, épeurantes, déstabilisantes.

Je roule, je roule, je coule.

Étourdie, engourdie, anéantie. Exclue du monde, isolée dans la noirceur des eaux profondes.

Aveugle.

Un torrent fort, puissant, bienveillant me soulève.

Une pierre majestueuse m’accueille, me soutient, me rassure.

Amitié.

Rivière joyeuse, radieuse, lumineuse, tu déposes sur moi des billes de cristal.

Je deviens prisme. Quelques rayons de soleil, je colore le monde de lumière arc-en-ciel.

Peintre.

Rivière vivifiante, inspirante, chantonnante, tes ondes me chatouillent, je ris, je vibre.

Tout vibre autour de moi, tout vibre avec moi.

Chorale.

Isabelle Faucher, octobre 2017

lauréate, Ambassadrice de la rivière Doncaster


2.

Chante son bel air, la Doncaster

Je suis la pierre ocre

Je suis la pierre vert fumée

Mes ancêtres ont concocté

Un pacte avec toi, rivière Doncaster.

 

De taille modeste, fracturée de peur

J’ai connu des assemblées houleuses

sur ton rivage mordoré,

Mes amies grosses pierres, avant le fractionnement

Ont chanté autour du feu brûlant

Des histoires de blancs à faire peur!

 

« Courage » tu m’as dit, rivière chagrinée

« Tout passe » et « je polirai tes aspérités

afin que mon rivage devienne plus doux

aux pieds nus des enfants

de la mixité québécoise à venir! »

 

Elle a si bien invoqué le temps, cette rivière

aux allures cascadeuses, lumineuses et joyeuses,

que mon cœur de pierre s’éprend du regard des humains

au travers cette eau limpide!

 

J’accepte de me faire polir tant que ton eau restera limpide

Ô! belle rivière!

Louise Barrette

septembre 2017


3.

Mon âme sœur, la Doncaster

pour toi mon âme sœur, Claude

 

Au matin,

je partis au loin

noyer mon chagrin.

 

Là-bas, par tout son éclat

la Doncaster

dans toute sa splendeur

comprit ma douleur

et mes pleurs.

 

J’y décidai

d’y laisser ton âme.

Entre ses bras

tu y vivras.

 

Dans cette eau,

je t’ai laissé

t’en aller.

Pour mieux rester,

pour mieux flotter,

et pour mieux me préparer

à de nouvelles vagues effrénées.

 

De nos flammes sont nés

de beaux bébés.

 

Mais maintenant il est à moi

de les aimer pour toi.

 

Et de leur laisser

bien plus

qu’être simplement aimés.

Nathalie Bélanger

finaliste


4.

La rivière Doncaster vue de La Familiale : un vrai régal!

Naguère, les travailleurs de la Rolland avaient coutume de casser la croûte en contemplant les rapides de la majestueuse rivière Doncaster. Des familles pique-niquaient le week-end au bord de ses flots agités. À Sainte-Adèle, le sentier La Familiale du Parc Doncaster semble perpétuer cette tradition avec ses tables à pique-nique et son sentier qui longe l’impétueux cours d’eau.

En traversant le petit pont qui mène aux sentiers, nous sommes accueillis par des rochers arrondis qui émergent de l’eau. On dirait des scones trempés dans du thé. Des petits ronds de mousse blanche parsèment la surface, résidus des chutes qu’on entend vrombir au loin. La Familiale est à la jonction de la ligne imaginaire qui démarque les feuillus des conifères. Ce sentier est jalonné de bancs de bois où peuvent se bécoter des amoureux et se reposer les promeneurs. Nous marchons d’un pas allègre, admirant la nature automnale en feu. Ce que les travailleurs forestiers nomment « balai de sorcière » nous salue au passage. C’est un ramassis de brindilles enchevêtrées entre les branches d’un arbre dégarni. Bientôt l’Halloween! Mes narines hument l’odeur des feuilles mortes. Hum! Tiens, je détecte des effluves de sapins, prélude à Noël qui s’en vient.

À mi-chemin, là où la rivière bifurque soudainement, des rochers escarpés évoquent un pain croûté dont on aurait coupé trois tranches. Près du rivage, l’eau tourbillonne, formant un vaste rond d’écume. Les poissons, friands d’oxygène, aiment s’y cacher, ce qui en fait un lieu de prédilection pour les pêcheurs. Décidément, marcher le long de ce segment de la rivière Doncaster ouvre l’appétit!

Au bout du sentier, vingt minutes plus tard, un autre pont permet de contempler deux versants totalement différents du paysage. En amont, des rochers encadrent la rivière, une montagne colorée se dresse à l’horizon et le ciel se mire dans la surface liquide. En aval, c’est l’amorce de la descente. Les cascades font tournoyer l’eau mêlée de terre qui mousse comme une bonne bière brune. On dirait que Doncaster est portée sur le porter! La prochaine fois, nous pique-niquerons sur ses berges, puis nous piquerons un somme à l’orée de son lit à remous… Hum! Quel régal!

Marie-France Cyr

14 octobre 2017, Sainte-Adèle


5.

Je suis la pierre, la stabilité

Je suis le roc qui soutient la rivière

Je suis le lit qui t’accueille à chaque instant

Sans moi, qui guiderait ton flot?

Sans moi, qui pourrait marcher sur tes eaux?

Sans moi, qui irait à ta rencontre?

 

Ensemble, nous sommes le sang de la terre

Abreuvant chaque cellule de vie.

Grâce à toi, l’essence de la forêt surgit!

Bien encadrée, chaque molécule de chaque être

Trouve sa juste place, et de cette symbiose

Éclate la joyeuse créativité du Dieu Vivant!

 

Ô toi rivière de vie

Tu chantes l’amour à chaque seconde

Tes cascades scintillantes parlent à mon cœur.

Ton chant unique me berce, me caresse, me rassure

Et m’enchante.

 

Je m’installe sur tes berges pour rêver

Et t’écoute me raconter la vie

Qui sans cesse se renouvelle

Et jamais ne meurt!

Hema-Claudia Hénault

Saint-Adolphe-d’Howard


6.

Nous n’irons plus à la rivière,

Mon frère, comme ceux en Bavière.

La rivière

Dans laquelle, jadis, nous nous sommes ébroués!

Dans laquelle, naguère, des gamins folâtraient!

Dorénavant, jamais plus un enfant,

Même un parent,

Ne partagera la survie

De cette coulante vie…

 

Nous n’irons plus à la forêt

Mon frère, la forêt disparaît.

Que de gambades en ces lieux vermeils

Et mille et une merveilles!

Cette forêt, ce géant vert,

Semble souffrir d’un cancer.

Un cancer qui évolue, qui tue.

Un malaise peu farfelu!

 

Nous ne marcherons plus sur le sol

Mon frère, il est plein de colle!

Il reste peu d’arènes

Où la nature est reine.

Paysages de bitume.

Paysages d’amertume.

Des cheminées fument.

Des arbres s’allument,

Et tranquillement tout s’éteint!

 

Mon frère, sommes-nous humains?

Que restera-t-il demain?

Le soir tombe sur le règne de l’homme.

Quand viendra la nuit,

Nous serons finis avant minuit!

Martin Lacasse

finaliste


7.

Je suis gaillet vert

qui s’accroche et qui flotte

sur la rivière qui s’engouffre

dans les coussins de mousse.

La rivière divague,

moutonne autour des roches.

L’eau, la rivière et moi, gaillet vont rester

et vous partirez.

Louise Ladouceur

finaliste


8.

La rivière et la mousse

Un tapis de mousse verte au pelage constellé de lichen

trône, accroché au galet de la rive de cette magnifique petite rivière.

Hypnotisée, la mousse observe l’eau limpide qui tournoie autour des cailloux.

Accroupie dans le silence du sous-bois, je l’entends parler à la rivière.

« Si tu savais comme j’ai soif, il n’a pas plu depuis si longtemps,

pourrais-tu me donner un peu d’eau?

Toi l’abondance, la pleine, la généreuse

tu nourris les poissons et fait foisonner la vie »

La mousse décore avec bonheur les rives de la rivière et ses roches.

Depuis toujours elles vivent en symbiose.

Bien qu’elle soit une grande cascadeuse

la rivière est consciente de ses limites quand il s’agit de se déplacer.

Bien sûr, au printemps elle déborde de partout et se lance hors de son lit.

Mais en ce début d’automne, ses eaux sont basses et bien tranquilles.

Après quelques vaines tentatives, pour réussir à arroser la mousse,

triste, la rivière réalise qu’elle ne peut acquiescer à la demande de son amie.

La mousse se languit et se dessèche encore un peu.

En aval, là où le soleil touche le fond sablonneux,

un fracas se fait entendre, ponctué de fortes respirations.

Un chevreuil galope dans le lit rocailleux de la rivière.

Derrière lui débouche un loup, à la bouche écumante.

Les sabots du chevreuil frappent l’eau avec violence

suivis des paluches du puissant prédateur.

Toutes ces pattes éclaboussent la mousse.

Après ce passage inopiné,

la rivière, comme le ferait une femme à la chevelure bouclée

s’empresse de remettre de l’ordre dans ses tourbillons et ses vaguelettes.

La chasse se poursuit vers le nord, puis le calme revient lentement.

Bien qu’inquiète du sort qui attend le chevreuil,

la mousse absorbe avec avidité toute l’eau de cette douche inespérée.

Marguerite Morin


9.

Cerisier en fleurs

Le cerisier fleurit

à chaque printemps

au bord de la rivière

Doncaster en ébullition.

 

Fraîcheur veloutée

flegmatique destinée.

Apaisement

dans la turbulence.

 

Contraste avéré,

la rivière déborde,

inonde et détruit.

L’arbre s’épanouit!

 

Le soleil réchauffe.

Équinoxe printanier.

L’incontestable réveil

de la Nature

 

Variation du sombre,

conversion à la lumière

Ahurissante vitalité!

Reconnaissance du beau.

 

La rivière bouillonne,

rage contre ce qui obstrue

son passage!

 

Le minuscule cerisier…

se plie devant…

 

son insistance.

John Mallette


10.

Ode à Doncaster

Je suis cette vieille branche de cèdre, tombée à la fin de l’hiver, au bord de Toi, petite rivière.

Depuis longtemps, je t’observais d’en haut, je t’écoutais frémir au cœur de chaque printemps.

Maintenant, c’est l’été et j’attends. Que tu m’emportes loin par la force de tes eaux, sous la caresse du vent.

En silence, pour qu’en les hommes tu reprennes confiance avant le souffle coloré de l’automne, lavant leur immense colère, émotion de misère.

Et si tu me laisses là près des pierres, Doncaster, comme toi je vais rêver sous les étoiles de rejoindre un jour la mer.

Pascale Neuman Mauchamp


11.

Eau de rivière Doncaster, voilà ma déclaration d’amour à toi de moi.

Lorsque je promène mon regard sur tes eaux, mon esprit grandit et devient plus fort.

Ton lieu mystère est sanctuaire.

Avec tes latitudes je vis, je lis, je navigue et rêve avec toi.

Chaque passage, chaque voyage que tu fais a une âme,

Eau parfum inouï, je suis sensible à tes charmes.

Je chevaucherai tes bordures pour protéger ta voie.

Je te nourris d’espoir.

Merci, belle rivière, d’être source à mes vaisseaux en amour et en aval.

Je te protège d’espoir.

Longue vie à toi!

Laura Paradise


12.

Rivière Doncaster

Je suis un remous de la rivière

Tout en légèreté, je valse sur une pierre

Dans la lumière ou dans l’obscurité

 

L’hiver me fige comme une ballerine

En tutu blanc.

Immobile, mais je ne suis pas mort

Puisque au printemps je rejaillis

De ton eau.

 

Ô rivière qui m’a engendré

Je te garde en mon cœur

Mère éternelle

Je chante sur tes galets

M’enivre de ta fraîcheur

Toujours renouvelée.

 

Berceau de ma naissance

Tu me chéris à jamais

Dans tes bras liquides

Je virevolte sous les grands pins

Tournoiement sempiternel

Destin d’allégresse

En ton sein transparent.

Janine Pioger

finaliste


13.

Rivière Doncaster

Mémoire vive et inspirée

Click click click. Pur bonheur

Qui est là près de moi? Mon fils unique à mes côtés.

Nos cœurs bohèmes et nomades en synchronicité le long de sa pure beauté. Semblant être isolés de tout l’univers entier, tous deux au service des divinités de la nature avec respect et amour du froid d’hiver caressant nos visages d’aujourd’hui et d’hier.

Nous parcourons la forêt blanche longeant la Doncaster, nos bottines s’enfonçant de plus en plus sur le tapis froissé, le phénomène du courant s’amplifiant en sonorité. Secondant mon fils à écouter la nature, le guider vers le prochain tableau éveillé, une veine unique s’ouvrit devant nous!

Les grises enfarinées semblèrent être un jardin d’enfants. Dès cet instant, on est devenus les bacheliers du cœur! Ouvrant les paupières toutes grandes! Une force étrange s’installa dans nos corps et pensées fragiles; on se sentait devenir les dieux complices de la rivière diamantée perlant de nuages blancs! Le trésor apparaissant du fond des mystères, le bruit houleux influençait la métamorphose de nos vieilles pensées en chant de paix intérieure, plus rien ne pouvait faire trembler les grands sentiments du temple de la raison! On arpentait tous les deux la magie du moment présent sans façon!

On se sentait grandir et fleurir dans la profondeur de tous nos sens. Notre relation sans communication, après l’hiver de la mort, se mit à rejaillir de vie et prête à redonner des fruits. Tous deux, nous avions rallumé la lumière de notre être profond.

Une cavalerie de moutons blancs en constante progression, plus on s’enfonçait dans les sentiers, nous faisait rêver, d’où de brefs enlignements de sapins parfumés embaumaient nos narines. Le courant hurlait, influençait et métamorphosait nos pensées et nos paroles en rythme de paix. Quel bonheur! Ivresse sans espace-temps. Véritable éden de sensations visuelles et tactiles. Nous cheminions de plus en plus légers dans cette magie du moment, rien pour nous faire basculer dans le mensonge; tout était vérité. Le parachute était ouvert! Les voix discordantes intérieures n’existaient plus!

On réalisait à quel point le microcosme de la famille était merveilleux quand s’accomplit le prodige de l’acquisition du langage vrai entre deux êtres!

Un livre blanc sans histoire commençait. Nos poussières sous le tapis avaient été emportées par le courant devenu tranquille. Sans aucun témoin gênant pour les dénoncer.

Nos genoux nous tenant bien debout, j’avais l’impression que nos idées devenaient siamoises, nos regards, des néons fabuleux pour capter la pureté des images! Nous venions de boire au verre de la connaissance toute crue! Dans le repos du cœur et de l’esprit, nos sourires déclenchèrent des fous rires, un beau délire.

On venait de saisir que même si nos vies avaient eu beaucoup d’histoire, le bonheur était possible, même pour nous! Cette rivière avec son magnétisme et son charisme avait eu le dessus sur nos tempêtes antérieures pour nous projeter dans l’infini futur! Gratitude était de mise!

MarieAnnie Soleil


14.

Pierre d’eau

Je suis pierre à l’ancre

en mitan de rivière

en aval de cascade

borne de chemin de vie

immergée à demi

à ma rivière, amarrée

 

sagesse, patience

dérisoire vestige

de falaise oubliée

de montagne rongée

par le temps têtu

par le temps témoin

des âges du soleil

des rêves de la lune

des gigues de ma rivière

 

chaleur

berceau d’eau sur mes flancs

froidure

pelisse blanche, dure

en mes alentours

débâcle

butoir de glace

de cassures de sucre

sous le soleil tendre

 

cycle

d’attache et de liberté

en noces d’eau

chantant le temps

dansant l’espace

 

usure infime

au cours des mondes

au fil des songes

de la forêt pérenne

qui m’embrasse

et me respire

en ce jour quelconque

où ma rivière

passante

pèlerine

aura vécu

Marguerite Thébault

finaliste


Voici maintenant une section dédiée aux haïkus.


15.

sous les sapins noirs

entre les berges moussues

l’eau coule en cascade

Lise Beaulé Villeneuve


16.

aiguilles de pin

au bord du rocher ombreux

tache rouge à terre

Éric Brion


17.

clapotis de l’eau

sous les pas à l’aurore

la mousse mouillée

Geneviève Catta

finaliste


18.

eau liquide et claire

fraîcheur des embruns

glissant sur ma peau

Hema Claudia


19.

force l’eau vive

libre du glacier perdu

larme chaude fuit

Doma


20.

la rivière éclate

la douce fraîcheur des arbres

protège son sommeil

Doma


21.

fracas entre rocs

l’eau fuit et bat sans égard

les branches rebelles

Doma


22.

artères en rocher

branches dos trompe courbés

vive fuit l’eau pure

Doma


23.

La truite mord à ligne,

Festin partagé

Te voilà, hourra!

Ève Duhaime


24.

Te voilà, rivière chérie

Tourmentée

Je saute dans le remous

Ève Duhaime


25.

Eau vive

Dans ton flot

Je m’abandonne

Ève Duhaime


26.

migration annuelle

les belles-dames dansent

à travers les feuilles

Gabrielle Dusseault


27.

branche qui craque

loin dans la forêt

sûrement une fée

Gabrielle Dusseault

finaliste


28.

arbres rouillés

un dernier éclat

avant l’hiver

Gabrielle Dusseault


29.

chant des cigales

sur friperie d’eau vive

le rocher dressé

Lorraine Galarneau

finaliste


30.

belle rencontre

près de la rivière

on entend son chant

Maya Gauvreau-Cadieux


31.

cris, joie, au cours d’eau

le silence impossible

coule doucement

Maya Gauvreau-Cadieux


32.

moutons blancs

sautant d’une roche à l’autre

des rires d’enfant

Juliette Hutter


33.

entre les blocs erratiques

vestiges de la drave

écume bleue

Louise Ladouceur


34.

Dentelle de feuilles

Sur l’écume blanchâtre

Clarté diffusée

Andrée Langevin


35.

Blanches abreuvées

le pli de la roche

aux abords de l’eau

Andrée Langevin


36.

d’en haut observent

chaque goutte s’épousant

dans la douce brise

Josiane Larocque-Boucher


37.

sillon du labour

cascade émergente

d’élixirs fleuris

Roger Lauzon


38.

la rivière éclate

la douce fraîcheur des arbres

ombrage un rocher

Marguerite Morin


39.

blanche écume de l’eau

les branches frémissent sur les troncs noirs

baignent les épinettes

Fleurette Nadeau


40.

rocher à fleur d’eau

deux jeunes femmes assises

pêchent l’inspiration

Mélina Nantel

finaliste


41.

remous

le bruit sourd de la rivière

berce mes idées

Mélina Nantel


42.

rivière sauvage

bordée de chênes

garde-corps fidèle

Mélina Nantel


43.

fraîcheur du printemps

mousse pins et eau vive

serrent les rochers

Brigitte Neveu


44.

branches de sapin

le ricanement des mésanges

au-dessus de l’eau

Anaïs Paquin


45.

sentier fragile

un écureuil maladroit

échappe sa noix

Anaïs Paquin


46.

geai bleu

cet éclair

sur les feuilles mortes

Anaïs Paquin

finaliste


47.

méandres d’été

invitation pour les pieds

à s’y rafraîchir

Cécile Racine


48.

le rocher tel un rempart

dans les eaux mugissantes

la rivière est soumise

Monique Richer


49.

la rivière Doncaster –

psyché de la vie

miroir de l’automne

Sauvanne Soriot


Merci à tous les participants!