La rivière Doncaster est particulièrement chère à mon cœur. J’y suis allée à maintes reprises, m’y rendant à pied, en vélo ou en ski de fond par la piste du P’tit Train du Nord. J’ai exploré ses rives à pied avec des amis à qui je faisais découvrir sa beauté, puis avec ma fille — toute petite, puis de plus en plus grande. Nous avons construit ensemble maintes cabanes laissées en cadeau pour les fées et j’aime penser que celles-ci nous connaissent et nous protègent.
La beauté sauvage des rapides de la Doncaster — qui est, paraît-il, la rivière la plus photographiée du Québec — me procure une joie toujours renouvelée. La forêt qui la longe m’enchante, aussi ai-je souhaité alimenter l’appel de textes pour ce concours avec plusieurs activités. La Ville de Sainte-Adèle et la Ville de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson ont toutes deux collaboré à leur organisation. La première activité, un atelier de haïku avec Bertrand Nayet, résulte d’une collaboration de RAPPEL : Parole-Création avec la Ligue des poètes canadiens, l’Association des auteurs du Manitoba français et le Centre international de poésie des Laurentides.
Les deuxième et troisième ateliers sont les fruits d’une collaboration avec la Ville de Ste-Marguerite-du-lac-Masson, la Ligue des poètes canadiens. D’abord, nous avons organisé un événement littéraire extraordinaire accompagné par la musique de l’artiste de spoken word Janice Lee. Une activité a également eu lieu pendant le Quartier littéraire de Sainte-Adèle. Ce concours a aussi soulevé l’intérêt d’une professeure du Cégep Lionel-Groulx, l’auteure Roxane Lajoie, qui a jumelé un atelier de haïku à la visite du Parc de la Rivière Doncaster.
L’événement final du concours littéraire s’est déroulé quant à lui au Centre international de poésie des Laurentides de la Bibliothèque de Sainte-Adèle dans le cadre de la Semaine provinciale des bibliothèques publiques, accompagné par la magnifique musique de Marc Poellhuber, de Val-David.
De même que de nombreux ruisseaux se joignent pour former une rivière, les textes de cette compilation proviennent donc de plusieurs activités. Deux villes riveraines de la Doncaster ont joint leurs efforts pour y contribuer. J’aime rêver d’un semblable désir, chez les diverses villes riveraines d’une même rivière d’unir leurs efforts pour les protéger, au bénéfice de tous les riverains de cette rivière, ainsi que des riverains des cours d’eau dont celle-ci est tributaire. Dans le cas de la Doncaster, il s’agit de la rivière du Nord, puis l’Outaouais, devenant éventuellement la rivière des Prairies et la rivière des Mille-Îles, fournissant Laval et Montréal en eau potable.
Merci aux jurys du concours Robert Hamel et Maxianne Berger pour leur aide. Merci à Mijanou Dubuc de la bibliothèque Claude-Henri-Grignon pour son soutien constant, à la Ville de Sainte-Adèle, à la Ville de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, et merci au député Claude Cousineau et à la libraire Coopsco pour leur soutien.
Vie et santé à nos rivières!
Nancy R. Lange
présidente de RAPPEL : Parole-Création
représentante des Porteurs d’eau pour la Coalition Eau Secours!
Voici donc les textes des participants.
1.
Rencontre
Je suis la roche enracinée en bordure de rivière, solitaire, tranquille, immobile.
Protégée du monde agité, changeant, imprévisible.
Spectatrice.
Des secousses.
Sensations inconnues, épeurantes, déstabilisantes.
Je roule, je roule, je coule.
Étourdie, engourdie, anéantie. Exclue du monde, isolée dans la noirceur des eaux profondes.
Aveugle.
Un torrent fort, puissant, bienveillant me soulève.
Une pierre majestueuse m’accueille, me soutient, me rassure.
Amitié.
Rivière joyeuse, radieuse, lumineuse, tu déposes sur moi des billes de cristal.
Je deviens prisme. Quelques rayons de soleil, je colore le monde de lumière arc-en-ciel.
Peintre.
Rivière vivifiante, inspirante, chantonnante, tes ondes me chatouillent, je ris, je vibre.
Tout vibre autour de moi, tout vibre avec moi.
Chorale.
Isabelle Faucher, octobre 2017
lauréate, Ambassadrice de la rivière Doncaster
2.
Chante son bel air, la Doncaster
Je suis la pierre ocre
Je suis la pierre vert fumée
Mes ancêtres ont concocté
Un pacte avec toi, rivière Doncaster.
De taille modeste, fracturée de peur
J’ai connu des assemblées houleuses
sur ton rivage mordoré,
Mes amies grosses pierres, avant le fractionnement
Ont chanté autour du feu brûlant
Des histoires de blancs à faire peur!
« Courage » tu m’as dit, rivière chagrinée
« Tout passe » et « je polirai tes aspérités
afin que mon rivage devienne plus doux
aux pieds nus des enfants
de la mixité québécoise à venir! »
Elle a si bien invoqué le temps, cette rivière
aux allures cascadeuses, lumineuses et joyeuses,
que mon cœur de pierre s’éprend du regard des humains
au travers cette eau limpide!
J’accepte de me faire polir tant que ton eau restera limpide
Ô! belle rivière!
Louise Barrette
septembre 2017
3.
Mon âme sœur, la Doncaster
pour toi mon âme sœur, Claude
Au matin,
je partis au loin
noyer mon chagrin.
Là-bas, par tout son éclat
la Doncaster
dans toute sa splendeur
comprit ma douleur
et mes pleurs.
J’y décidai
d’y laisser ton âme.
Entre ses bras
tu y vivras.
Dans cette eau,
je t’ai laissé
t’en aller.
Pour mieux rester,
pour mieux flotter,
et pour mieux me préparer
à de nouvelles vagues effrénées.
De nos flammes sont nés
de beaux bébés.
Mais maintenant il est à moi
de les aimer pour toi.
Et de leur laisser
bien plus
qu’être simplement aimés.
Nathalie Bélanger
finaliste
4.
La rivière Doncaster vue de La Familiale : un vrai régal!
Naguère, les travailleurs de la Rolland avaient coutume de casser la croûte en contemplant les rapides de la majestueuse rivière Doncaster. Des familles pique-niquaient le week-end au bord de ses flots agités. À Sainte-Adèle, le sentier La Familiale du Parc Doncaster semble perpétuer cette tradition avec ses tables à pique-nique et son sentier qui longe l’impétueux cours d’eau.
En traversant le petit pont qui mène aux sentiers, nous sommes accueillis par des rochers arrondis qui émergent de l’eau. On dirait des scones trempés dans du thé. Des petits ronds de mousse blanche parsèment la surface, résidus des chutes qu’on entend vrombir au loin. La Familiale est à la jonction de la ligne imaginaire qui démarque les feuillus des conifères. Ce sentier est jalonné de bancs de bois où peuvent se bécoter des amoureux et se reposer les promeneurs. Nous marchons d’un pas allègre, admirant la nature automnale en feu. Ce que les travailleurs forestiers nomment « balai de sorcière » nous salue au passage. C’est un ramassis de brindilles enchevêtrées entre les branches d’un arbre dégarni. Bientôt l’Halloween! Mes narines hument l’odeur des feuilles mortes. Hum! Tiens, je détecte des effluves de sapins, prélude à Noël qui s’en vient.
À mi-chemin, là où la rivière bifurque soudainement, des rochers escarpés évoquent un pain croûté dont on aurait coupé trois tranches. Près du rivage, l’eau tourbillonne, formant un vaste rond d’écume. Les poissons, friands d’oxygène, aiment s’y cacher, ce qui en fait un lieu de prédilection pour les pêcheurs. Décidément, marcher le long de ce segment de la rivière Doncaster ouvre l’appétit!
Au bout du sentier, vingt minutes plus tard, un autre pont permet de contempler deux versants totalement différents du paysage. En amont, des rochers encadrent la rivière, une montagne colorée se dresse à l’horizon et le ciel se mire dans la surface liquide. En aval, c’est l’amorce de la descente. Les cascades font tournoyer l’eau mêlée de terre qui mousse comme une bonne bière brune. On dirait que Doncaster est portée sur le porter! La prochaine fois, nous pique-niquerons sur ses berges, puis nous piquerons un somme à l’orée de son lit à remous… Hum! Quel régal!
Marie-France Cyr
14 octobre 2017, Sainte-Adèle
5.
Je suis la pierre, la stabilité
Je suis le roc qui soutient la rivière
Je suis le lit qui t’accueille à chaque instant
Sans moi, qui guiderait ton flot?
Sans moi, qui pourrait marcher sur tes eaux?
Sans moi, qui irait à ta rencontre?
Ensemble, nous sommes le sang de la terre
Abreuvant chaque cellule de vie.
Grâce à toi, l’essence de la forêt surgit!
Bien encadrée, chaque molécule de chaque être
Trouve sa juste place, et de cette symbiose
Éclate la joyeuse créativité du Dieu Vivant!
Ô toi rivière de vie
Tu chantes l’amour à chaque seconde
Tes cascades scintillantes parlent à mon cœur.
Ton chant unique me berce, me caresse, me rassure
Et m’enchante.
Je m’installe sur tes berges pour rêver
Et t’écoute me raconter la vie
Qui sans cesse se renouvelle
Et jamais ne meurt!
Hema-Claudia Hénault
Saint-Adolphe-d’Howard
6.
Nous n’irons plus à la rivière,
Mon frère, comme ceux en Bavière.
La rivière
Dans laquelle, jadis, nous nous sommes ébroués!
Dans laquelle, naguère, des gamins folâtraient!
Dorénavant, jamais plus un enfant,
Même un parent,
Ne partagera la survie
De cette coulante vie…
Nous n’irons plus à la forêt
Mon frère, la forêt disparaît.
Que de gambades en ces lieux vermeils
Et mille et une merveilles!
Cette forêt, ce géant vert,
Semble souffrir d’un cancer.
Un cancer qui évolue, qui tue.
Un malaise peu farfelu!
Nous ne marcherons plus sur le sol
Mon frère, il est plein de colle!
Il reste peu d’arènes
Où la nature est reine.
Paysages de bitume.
Paysages d’amertume.
Des cheminées fument.
Des arbres s’allument,
Et tranquillement tout s’éteint!
Mon frère, sommes-nous humains?
Que restera-t-il demain?
Le soir tombe sur le règne de l’homme.
Quand viendra la nuit,
Nous serons finis avant minuit!
Martin Lacasse
finaliste
7.
Je suis gaillet vert
qui s’accroche et qui flotte
sur la rivière qui s’engouffre
dans les coussins de mousse.
La rivière divague,
moutonne autour des roches.
L’eau, la rivière et moi, gaillet vont rester
et vous partirez.
Louise Ladouceur
finaliste
8.
La rivière et la mousse
Un tapis de mousse verte au pelage constellé de lichen
trône, accroché au galet de la rive de cette magnifique petite rivière.
Hypnotisée, la mousse observe l’eau limpide qui tournoie autour des cailloux.
Accroupie dans le silence du sous-bois, je l’entends parler à la rivière.
« Si tu savais comme j’ai soif, il n’a pas plu depuis si longtemps,
pourrais-tu me donner un peu d’eau?
Toi l’abondance, la pleine, la généreuse
tu nourris les poissons et fait foisonner la vie »
La mousse décore avec bonheur les rives de la rivière et ses roches.
Depuis toujours elles vivent en symbiose.
Bien qu’elle soit une grande cascadeuse
la rivière est consciente de ses limites quand il s’agit de se déplacer.
Bien sûr, au printemps elle déborde de partout et se lance hors de son lit.
Mais en ce début d’automne, ses eaux sont basses et bien tranquilles.
Après quelques vaines tentatives, pour réussir à arroser la mousse,
triste, la rivière réalise qu’elle ne peut acquiescer à la demande de son amie.
La mousse se languit et se dessèche encore un peu.
En aval, là où le soleil touche le fond sablonneux,
un fracas se fait entendre, ponctué de fortes respirations.
Un chevreuil galope dans le lit rocailleux de la rivière.
Derrière lui débouche un loup, à la bouche écumante.
Les sabots du chevreuil frappent l’eau avec violence
suivis des paluches du puissant prédateur.
Toutes ces pattes éclaboussent la mousse.
Après ce passage inopiné,
la rivière, comme le ferait une femme à la chevelure bouclée
s’empresse de remettre de l’ordre dans ses tourbillons et ses vaguelettes.
La chasse se poursuit vers le nord, puis le calme revient lentement.
Bien qu’inquiète du sort qui attend le chevreuil,
la mousse absorbe avec avidité toute l’eau de cette douche inespérée.
Marguerite Morin
9.
Cerisier en fleurs
Le cerisier fleurit
à chaque printemps
au bord de la rivière
Doncaster en ébullition.
Fraîcheur veloutée
flegmatique destinée.
Apaisement
dans la turbulence.
Contraste avéré,
la rivière déborde,
inonde et détruit.
L’arbre s’épanouit!
Le soleil réchauffe.
Équinoxe printanier.
L’incontestable réveil
de la Nature
Variation du sombre,
conversion à la lumière
Ahurissante vitalité!
Reconnaissance du beau.
La rivière bouillonne,
rage contre ce qui obstrue
son passage!
Le minuscule cerisier…
se plie devant…
son insistance.
John Mallette
10.
Ode à Doncaster
Je suis cette vieille branche de cèdre, tombée à la fin de l’hiver, au bord de Toi, petite rivière.
Depuis longtemps, je t’observais d’en haut, je t’écoutais frémir au cœur de chaque printemps.
Maintenant, c’est l’été et j’attends. Que tu m’emportes loin par la force de tes eaux, sous la caresse du vent.
En silence, pour qu’en les hommes tu reprennes confiance avant le souffle coloré de l’automne, lavant leur immense colère, émotion de misère.
Et si tu me laisses là près des pierres, Doncaster, comme toi je vais rêver sous les étoiles de rejoindre un jour la mer.
Pascale Neuman Mauchamp
11.
Eau de rivière Doncaster, voilà ma déclaration d’amour à toi de moi.
Lorsque je promène mon regard sur tes eaux, mon esprit grandit et devient plus fort.
Ton lieu mystère est sanctuaire.
Avec tes latitudes je vis, je lis, je navigue et rêve avec toi.
Chaque passage, chaque voyage que tu fais a une âme,
Eau parfum inouï, je suis sensible à tes charmes.
Je chevaucherai tes bordures pour protéger ta voie.
Je te nourris d’espoir.
Merci, belle rivière, d’être source à mes vaisseaux en amour et en aval.
Je te protège d’espoir.
Longue vie à toi!
Laura Paradise
12.
Rivière Doncaster
Je suis un remous de la rivière
Tout en légèreté, je valse sur une pierre
Dans la lumière ou dans l’obscurité
L’hiver me fige comme une ballerine
En tutu blanc.
Immobile, mais je ne suis pas mort
Puisque au printemps je rejaillis
De ton eau.
Ô rivière qui m’a engendré
Je te garde en mon cœur
Mère éternelle
Je chante sur tes galets
M’enivre de ta fraîcheur
Toujours renouvelée.
Berceau de ma naissance
Tu me chéris à jamais
Dans tes bras liquides
Je virevolte sous les grands pins
Tournoiement sempiternel
Destin d’allégresse
En ton sein transparent.
Janine Pioger
finaliste
13.
Rivière Doncaster
Mémoire vive et inspirée
Click click click. Pur bonheur
Qui est là près de moi? Mon fils unique à mes côtés.
Nos cœurs bohèmes et nomades en synchronicité le long de sa pure beauté. Semblant être isolés de tout l’univers entier, tous deux au service des divinités de la nature avec respect et amour du froid d’hiver caressant nos visages d’aujourd’hui et d’hier.
Nous parcourons la forêt blanche longeant la Doncaster, nos bottines s’enfonçant de plus en plus sur le tapis froissé, le phénomène du courant s’amplifiant en sonorité. Secondant mon fils à écouter la nature, le guider vers le prochain tableau éveillé, une veine unique s’ouvrit devant nous!
Les grises enfarinées semblèrent être un jardin d’enfants. Dès cet instant, on est devenus les bacheliers du cœur! Ouvrant les paupières toutes grandes! Une force étrange s’installa dans nos corps et pensées fragiles; on se sentait devenir les dieux complices de la rivière diamantée perlant de nuages blancs! Le trésor apparaissant du fond des mystères, le bruit houleux influençait la métamorphose de nos vieilles pensées en chant de paix intérieure, plus rien ne pouvait faire trembler les grands sentiments du temple de la raison! On arpentait tous les deux la magie du moment présent sans façon!
On se sentait grandir et fleurir dans la profondeur de tous nos sens. Notre relation sans communication, après l’hiver de la mort, se mit à rejaillir de vie et prête à redonner des fruits. Tous deux, nous avions rallumé la lumière de notre être profond.
Une cavalerie de moutons blancs en constante progression, plus on s’enfonçait dans les sentiers, nous faisait rêver, d’où de brefs enlignements de sapins parfumés embaumaient nos narines. Le courant hurlait, influençait et métamorphosait nos pensées et nos paroles en rythme de paix. Quel bonheur! Ivresse sans espace-temps. Véritable éden de sensations visuelles et tactiles. Nous cheminions de plus en plus légers dans cette magie du moment, rien pour nous faire basculer dans le mensonge; tout était vérité. Le parachute était ouvert! Les voix discordantes intérieures n’existaient plus!
On réalisait à quel point le microcosme de la famille était merveilleux quand s’accomplit le prodige de l’acquisition du langage vrai entre deux êtres!
Un livre blanc sans histoire commençait. Nos poussières sous le tapis avaient été emportées par le courant devenu tranquille. Sans aucun témoin gênant pour les dénoncer.
Nos genoux nous tenant bien debout, j’avais l’impression que nos idées devenaient siamoises, nos regards, des néons fabuleux pour capter la pureté des images! Nous venions de boire au verre de la connaissance toute crue! Dans le repos du cœur et de l’esprit, nos sourires déclenchèrent des fous rires, un beau délire.
On venait de saisir que même si nos vies avaient eu beaucoup d’histoire, le bonheur était possible, même pour nous! Cette rivière avec son magnétisme et son charisme avait eu le dessus sur nos tempêtes antérieures pour nous projeter dans l’infini futur! Gratitude était de mise!
MarieAnnie Soleil
14.
Pierre d’eau
Je suis pierre à l’ancre
en mitan de rivière
en aval de cascade
borne de chemin de vie
immergée à demi
à ma rivière, amarrée
sagesse, patience
dérisoire vestige
de falaise oubliée
de montagne rongée
par le temps têtu
par le temps témoin
des âges du soleil
des rêves de la lune
des gigues de ma rivière
chaleur
berceau d’eau sur mes flancs
froidure
pelisse blanche, dure
en mes alentours
débâcle
butoir de glace
de cassures de sucre
sous le soleil tendre
cycle
d’attache et de liberté
en noces d’eau
chantant le temps
dansant l’espace
usure infime
au cours des mondes
au fil des songes
de la forêt pérenne
qui m’embrasse
et me respire
en ce jour quelconque
où ma rivière
passante
pèlerine
aura vécu
Marguerite Thébault
finaliste
Voici maintenant une section dédiée aux haïkus.
15.
sous les sapins noirs
entre les berges moussues
l’eau coule en cascade
Lise Beaulé Villeneuve
16.
aiguilles de pin
au bord du rocher ombreux
tache rouge à terre
Éric Brion
17.
clapotis de l’eau
sous les pas à l’aurore
la mousse mouillée
Geneviève Catta
finaliste
18.
eau liquide et claire
fraîcheur des embruns
glissant sur ma peau
Hema Claudia
19.
force l’eau vive
libre du glacier perdu
larme chaude fuit
Doma
20.
la rivière éclate
la douce fraîcheur des arbres
protège son sommeil
Doma
21.
fracas entre rocs
l’eau fuit et bat sans égard
les branches rebelles
Doma
22.
artères en rocher
branches dos trompe courbés
vive fuit l’eau pure
Doma
23.
La truite mord à ligne,
Festin partagé
Te voilà, hourra!
Ève Duhaime
24.
Te voilà, rivière chérie
Tourmentée
Je saute dans le remous
Ève Duhaime
25.
Eau vive
Dans ton flot
Je m’abandonne
Ève Duhaime
26.
migration annuelle
les belles-dames dansent
à travers les feuilles
Gabrielle Dusseault
27.
branche qui craque
loin dans la forêt
sûrement une fée
Gabrielle Dusseault
finaliste
28.
arbres rouillés
un dernier éclat
avant l’hiver
Gabrielle Dusseault
29.
chant des cigales
sur friperie d’eau vive
le rocher dressé
Lorraine Galarneau
finaliste
30.
belle rencontre
près de la rivière
on entend son chant
Maya Gauvreau-Cadieux
31.
cris, joie, au cours d’eau
le silence impossible
coule doucement
Maya Gauvreau-Cadieux
32.
moutons blancs
sautant d’une roche à l’autre
des rires d’enfant
Juliette Hutter
33.
entre les blocs erratiques
vestiges de la drave
écume bleue
Louise Ladouceur
34.
Dentelle de feuilles
Sur l’écume blanchâtre
Clarté diffusée
Andrée Langevin
35.
Blanches abreuvées
le pli de la roche
aux abords de l’eau
Andrée Langevin
36.
d’en haut observent
chaque goutte s’épousant
dans la douce brise
Josiane Larocque-Boucher
37.
sillon du labour
cascade émergente
d’élixirs fleuris
Roger Lauzon
38.
la rivière éclate
la douce fraîcheur des arbres
ombrage un rocher
Marguerite Morin
39.
blanche écume de l’eau
les branches frémissent sur les troncs noirs
baignent les épinettes
Fleurette Nadeau
40.
rocher à fleur d’eau
deux jeunes femmes assises
pêchent l’inspiration
Mélina Nantel
finaliste
41.
remous
le bruit sourd de la rivière
berce mes idées
Mélina Nantel
42.
rivière sauvage
bordée de chênes
garde-corps fidèle
Mélina Nantel
43.
fraîcheur du printemps
mousse pins et eau vive
serrent les rochers
Brigitte Neveu
44.
branches de sapin
le ricanement des mésanges
au-dessus de l’eau
Anaïs Paquin
45.
sentier fragile
un écureuil maladroit
échappe sa noix
Anaïs Paquin
46.
geai bleu
cet éclair
sur les feuilles mortes
Anaïs Paquin
finaliste
47.
méandres d’été
invitation pour les pieds
à s’y rafraîchir
Cécile Racine
48.
le rocher tel un rempart
dans les eaux mugissantes
la rivière est soumise
Monique Richer
49.
la rivière Doncaster –
psyché de la vie
miroir de l’automne
Sauvanne Soriot
Merci à tous les participants!